dimanche 31 juillet 2011

Les îles Fidji: Deuxième partie - Le nord de Viti Levu, le sud de Vanua Levu, Koro, Makogaï , Beqa et Yanuca

Aux îles Fidji, comme aux Tonga, il faut faire les formalités de sortie auprès de la douane lorsque l’on change de région après avoir obtenu un permis de navigation pour la nouvelle zone que l’on veut visiter. Nous sommes donc retournés à Lautoka pour effectuer ces formalités et réapprovisionner le bord : nouvelle visite au supermarché H et M et au pittoresque marché aux fruits et légumes.






















Le trajet le long de la côte nord de Viti Levu en direction de l’Est s’effectue à l’intérieur de la barrière de corail, dans un chenal où plusieurs balises manquent mais assez clair par temps ensoleillé. Là encore, les traces GPS transmises par les amis du bateau Badinguet ont été fort précieuses.


En rouge, la trace GPS enregistrée par des voiliers qui ont effectué le trajet précédemment. Il nous suffit de suivre leur route le plus précisément possible. Après la côte sud de l'île de Vanua Levu, en haut à droite, nous sommes redescendus le long de la côte est de Viti Levu puis avons longé la côte sud avant de rejoindre notre point de départ Lautoka (point rouge) sur la côte ouest.


Qui dit trajet vers l’est dit navigation contre le vent, souvent assez fort. Nous avons eu la grande chance de bénéficier d’une météo plus que calme qui nous a permis de faire tout le parcours au moteur sans aucune difficulté.






























Premier mouillage pour la nuit juste avant Vatia Bay, puis le lendemain à Nananu-I-Cake Island où nous avons eu le plaisir de croiser à nouveau l’équipage suisse de Algérasade, une famille suisse bien sympathique, Steve et Corina et leurs quatre enfants qui viennent de passer une année sabbatique sur un Mélody loué à un ami. Ils sont partis de Tahiti et sont tout tristes de devoir laisser le bateau prochainement à Nouméa en Nouvelle Calédonie .



















Le lendemain, nous avons traversé, toujours sans vent de face (ouf !) et au moteur sur l’île voisine de Vanua Levu, non sans avoir heurté le récif, heureusement sans dommage, au départ de Nananu-I-Cake. Le temps gris qui ne laisse pas apparaître le corail et une infime erreur en suivant la trace GPS suffisent à vous mettre en difficulté…



Arrivée sur Vanua Levu et nouveau mouillage à Nambalawu, puis enfin à Suva Suva le lendemain.

















Suva Suva est la plus grande ville de Vanua Levu. Il est obligatoire de prendre un corps-mort dans un des deux yacht clubs, l’un et l’autre très accueillants et peu chers.






















Là encore, il nous a fallu effectuer les formalité à l’arrivée et au départ.

Tout près de Suva Suva, il y a des sources chaudes d'origine volcanique.





L’eau sort de terre à environ 100 degrés. Des riverains viennent y faire cuire leur nourriture. Un habitué nous a raconté que jusqu’au siècle dernier, les tribus locales y ébouillantaient leur ennemis prisonniers avant de les manger, ainsi que les bébés filles en surnombre… Cette eau chaude ressort sur le bord de mer, tout près des bateaux sur corps-mort.






Nous sommes restés deux jours à Suva Suva à nous balader dans le coin avant de repartir, toujours au moteur, pour le superbe mouillage de Fawn Harbour, puis pour Viani Bay.



Fawn Harbour













Viani Bay






















Viani Bay, l'autre pointe















Viani Bay vue du haut de la colline






Il n’y a pas de village véritable à Viani Bay mais des « settlements », hameaux composés de quelques maisons situés autour de la baie. Il y a une école et une église. Nous avons visité l’école où nous avons rencontré Samy, un des trois instituteurs. Comme dans toutes les écoles des Fidji des slogans rappellent sans cesse la conduite à tenir!
















Le terrain de jeu







Leçon de jardinage



Les filles sont les plus actives et de loin!




























Pas de console Nintendo à Viani Bay: on fait ses jouets soi-même...






Le ramassage scolaire... La plupart des élèves viennent des villages voisins




Samy, sa femme Coletta et leur quatre enfants nous ont invités le lendemain dimanche à venir manger le « lobo » chez eux. Le « lobo » est l’équivalent du four polynésien : on fait chauffer dans un trou creusé dans la terre ou le sable des galets sous un lit de braises que l’on enlève ensuite pour y cuire de l’igname, du manioc, du taro, du dalo et autres racines ainsi que du poulet ou du poisson , tous enveloppés dans des feuilles d’arbre à pain et le tout recouvert de galets chauffés, de feuilles de bananier, puis de sable.


Ce jour-là Coletta y avait aussi cuire du « polisami », un plat délicieux à base de feuilles genre épinard et de coco rapé ( ci-dessus).





































Tous avaient un sourire magnifique


Nous leur avions amené de la bière et du jus d’orange et aussi un des rares DVD en anglais que nous avions : « Men of Honor ». Ils ont voulu le regarder avec nous l’après-midi sur leur télé alimentée en 12 volts par des panneaux solaires. Mais comme le son de la version anglaise ne passait pas dans le lecteur, nous l’avons regardé en chinois avec sous-titres anglais ! C’était plutôt surréaliste d’entendre Robert de Niro engueuler les futurs plongeurs d’élite de la marine américaine en chinois… Ils ont adoré !




Nous avons beaucoup aimé cette rencontre et cette invitation simple et sans aucune arrière- pensée dans une famille fidjienne où il est apparemment normal de recevoir l’étranger de passage. Ils avaient aussi étendu l’invitation à quelques voisins bien sympathiques aussi.
Le mauvais temps annoncé pour les jours suivants nous a contraints à rester sur le corps-mort de Jack qui habite là et emmène les touristes plonger sur la barrière de corail. Nous avons invité nos voisins de mouillage, Gary et Tera de Pursuit IV ( lui est canadien, elle américaine) à l’apéro le soir du « lobo ». Nous avons passé deux jours sans sortir de Yovo bien ballotés avec des vents de 25 à 35 nœuds de sud-sud-est !


Le vent et la pluie ayant cessé, nous avons pu aller plonger, sous la direction de Jack, depuis le bateau de Gary et Tera, Pursuit IV, un Liberty de 50 pieds magnifiquement construit à Taiwan et parfaitement équipé pour la plongée avec un compresseur pour recharger les bouteilles. Nous avons plongé le long du « Purple Wall », un tombant magnifique couvert de gorgones violettes pendant que Francine, qui n’avait pas d’équipement, faisait du snorkeling sous la surveillance de Jack resté à bord de l’annexe.




Le temps restant maussade ( nuages épais recouvrant toute l’île, bruine…), nous avons décidé de ne pas aller à Taveuni, la grande île voisine, mais plus au sud à Koro où Nicolas de Badinguet nous avait recommandé la baie de Dere. Là encore, nous avons fait des rencontres intéressantes comme celle de Neal et Weihyng qui ont temporairement arrêté de naviguer sur leur ketch Koro pour construire une maison sur les hauteurs de la baie.




Egalement celle de Marlene, une américaine qui élève de superbes bénitiers géants, espèce protégée aux Fidji.







Nous avons aussi rendu visite au village de Nambasoni où nous avons fait le Sevusevu chez le chef qui tient la petite épicerie du village. Il a été ravi d’être pris en photo et enchanté d’avoir les photos tirées sur papier avec notre imprimante.









Devant le chef nos deux paquets de kava enveloppés dans du journal















Nous avons passé trois jours à Koro avant de partir pour l’île de Makogaï distante d’une trentaine de milles. Trajet très agréable au grand largue avec 15 nœuds de vent et mer calme – le rêve du navigateur ! La météo prévoit le passage d’une petite perturbation qui annonce une rotation de vent vers le sud, ce qui veut dire qu’il nous faudra rester à Makogaï deux ou trois jours pour attendre la reprise de l’alizé de secteur sud-est habituel à cette saison.
























Makogaï a été occupée de 1911 jusqu’en 1969 par une léproserie tenue par des religieuses françaises. Il ne reste que quelques bâtiments datant de cette époque, habités par une vingtaine de personnes qui travaillent pour le ministère de la pêche fidjien à la protection des tortues de mer et à l’élevage de bénitiers géants comme ceux protégés par Marlene à Koro.


Là encore, nous avons fait le Sevusevu chez Kameli, le chef du village, qui nous a fait visiter le peu qui reste de la léproserie.
La plupart des bâtiments ont disparu, mais on voit encore les fondations et les ruines de beaucoup d’entre eux dont notamment la petite prison, le cinéma et la salle de radiographie.
























Dans le vaste cimetière totalement abandonné, on voit les tombes portant des noms français comme celui de la sœur Marie-Agnès, du père Lejeune et du père Gonnet qui venait peut-être de la région de Charlieu (un parent de Marc, notre menuisier ?...).


















L’histoire de cette léproserie est très émouvante, faite de dévouement admirable de la part des sœurs et des médecins et de courage, de solidarité et d’entente entre les différentes communautés de lépreux venant de tout le Pacifique Sud : polynésiens, samoens, tongiens, fidjiens, indiens, européens…






Il y avait une population importante de malades (plus de 4000 lépreux ont été soignés à Makogaï entre 1911 et 1969) et de soignants qui vivaient dans plusieurs villages répartis sur une grande partie de l’île. Seuls les malades les plus gravement atteints vivaient à l’hôpital. Les sœurs ne s’occupaient pas que des soins : elles essayaient aussi de rendre la vie des lépreux la plus agréable possible , de leur trouver des occupations et des loisirs. Il y avait divers ateliers ( menuiserie, couture - patchwork entre autres , oui, même avec de mains atrophiées ! - , sculpture…) une coopérative, une école, une bibliothèque, un théâtre qui donnait des représentations…

Un malade particulièrement entreprenant et dévoué, Ernest, avait même construit une grande salle de cinéma dont on voit encore les ruines et les sœurs passaient des films deux fois par semaine. Il y avait même une petite prison avec quatre cellules…










La salle de cinéma avec la cabine de projection à droite






Au fond l'écran sur lequel il reste un peu de peinture blanche



Le traitement contre la lèpre étant devenu accessible à partir de 1948 beaucoup de malades ont été guéris ( en quelques mois) et sont rentrés chez eux ; les malades restants, peu nombreux, ont finalement été regroupés dans un nouveau centre à proximité de Suva, la capitale, sur l’île de Viti Levu et la léproserie a été fermée en 1969. Depuis, la végétation a repris le dessus et bien peu des bâtiments restent visibles. On s’étonne qu’il n’y ait pas eu de préservation des lieux et qu’aucun monument ne rappelle l’aventure extraordinaire qui a eu lieu dans cette île.





Quelques enfants de Makogaï



Il reste une très petite population sur l’île avec une école primaire, la mieux tenue et de loin de toutes celles que nous avons visitées, dirigée par un couple d’instituteurs qui nous ont très gentiment accueillis.


























Nous avons pris une photo de tous les élèves de l’école : 18 en tout répartis dans deux classes sur 8 niveaux !



Une étape de nuit nous a permis de parcourir les 80 milles jusqu ‘à l’île de Beqa située au sud de Viti Levu. Sevusevu rituel au village de Vaga Bay, mais un accueil un peu moins chaleureux des habitants, sans doute plus accoutumés aux yachts de passage. Balade dans les hauts dans le but d’atteindre une petite éxcole de l’autre côté de la montagne maisnous ne l’avons jamis trouvée !





Il y a de la place au mouillage...






Le lendemain nous sommes repartis sur la très petite île de Yanuka située dans le même lagon et distante de 8 milles.





Mouillage devant un très bel hôtel tenu par une américaine qui s’occupe seule de tout avec des employés fidjiens du village tout proche que nous avons visité le lendemain : sevusevu chez le chef, visite du village et rencontre de quelques familles. Pour la première fois nous y voyons une pirogue à voile, malheureusement à sec.









Préparation des feuilles de pandanus pour confectionner des nattes









Ensuite, nouvelle traversée de nuit, par temps très calme, en compagnie du voilier espagnol Tintin rencontré précédemment en Nouvelle Zélande pour atteindre la marina de Vuda Point où nous sommes restés deux jours. Là nous avons fait d’innombrables lessives, un grand nettoyage à l’eau douce de Yovo et nous avons célébré très dignement, à l’excellent restaurant de l’hôtel d’à côté, notre quarantième anniversaire de mariage en compagnie de Jean et Andrée ( sur Jeandrée II !).




Ensuite nous sommes allés à Lautoka, notre port d’arrivée aux Fidji et aussi notre port de départ.

A Lautoka, nous avons mouillé à côté d’un très grand voilier de croisière de 36 mètres de long, Infinity, à bord duquel nous avons rencontré Delphine, une amie très sympathique de Charles et Manon, qui passe plusieurs mois à bord entre les Fidji et les îles Salomon et que nous allions retrouver à plusieurs reprises au Vanuatu. Il y a 23 passagers sur Infinity qui prennent en charge les tâches ménagères du bord et la navigation sous la surveillance du capitaine d’origine allemande Clement.









Nous sommes partis sur le Vanuatu en même temps qu’eux et nous avons été assez satisfaits d’arriver sur l’île de Aneityum ( encore appelée Anatom), l’île la plus au sud de l’archipel, 5 heures avant le grand bateau.



Les îles Fidji sont très réputées pour leurs eaux cristallines et leurs fonds sousmarins. Nous n' avons fait que quelques plongées en club car elles reviennent très chères et que le snorkeling nous offrait déjà des spectacles merveilleux. Aux Fidji ce sont la beauté et l'extraordinaire variété des coraux qui nous ont le plus marqués. Avant de clore cet article sur cet archipel voici quelques-unes des photos sousmarines que nous avons prises.








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L'avant-dernière photo montre un bénitier géant de près d'un mètre de long et cinquante centimètres de large en milieu naturel! On en rencontre assez fréquemment à Koro et Makogaï où on les élève et relâche en mer quand ils ont atteint quelques dizaines de centimètres.
Sur la dernière on peut voir deux poissons-clowns brun-rouge avec une ligne verticale blanche au niveau de l'oeil dans une anémone. On en voit souvent aux Fidji mais il est très difficile d'en faire de bonnes photos car ils ne cessent de bouger!




Voilà pour les Fidji! Prochain rendez-vous sur le blog avec un article sur le Vanuatu.











1 commentaire:

Anonyme a dit…

Vraiment magnifique!!!
Votre récit et vos photos font rêver.
Vous irradiez!!
Bonne continuation.

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